Origine
Si la commune de Chuzelles est de création récente (1875), le nom "Chuzelles" a une existence beaucoup plus ancienne.
Il apparaît pour la première fois, sous sa forme latine de "villa caucilla", dans un acte de vente de 845.

Ce nom pourrait renvoyer au surnom de "Chaucius", donné à un général romain vainqueur de la tribu germanique des Chauques.

On sait, à partir de cette date de 845, que certains hameaux de Chuzelles (Thiers, Saint-Maxime, Saint-Maurice...) sont le siège d'exploitations agricoles aux activités variées.
Ces propriétés rurales pourraient avoir eu des antécédents à l'époque gallo-romaine.
En effet, on trouve, ici et là, des pierres de calcaire ainsi que des fragments de tuiles que les archéologues appellent "tegulae". De même, de nombreux tessons de poterie grise des XIe et XIIe siècles à Saint-Maurice, témoignent de la présence d'habitations à cette époque.

A partir du XIVe siècle, on connaît les familles qui se succédèrent à la tête de la seigneurie locale. On y trouve quelques grands noms de l'histoire dauphinoise, les "Maubec" par exemple, voire de l'histoire de France avec une très furtive - et peut-être très lucrative - apparition de Diane de Poitiers ou l'un des frères Paris, grands pourvoyeurs de fonds auprès de la royauté.

Au XVIIe et XVIIIe siècles, les deux paroisses de Chuzelles offrent l'image habituelle des communautés d'ancien régime lourdement frappées par les impôts.
Outre la taille et épisodiquement la capitation, la communauté est sollicitée pour des contributions certes exceptionnelles, mais si diverses qu'elles sont très fréquentes. Elle doit subvenir aux nombreux "passages des gens de troupes' en Dauphiné, aux dégâts causés par les inondations du Drac, à la construction des fortifications de Grenoble ...etc.
Localement, elle est mise à contribution pour la construction et l'entretien des bâtiments essentiels que sont l'église et la cure. Les propriétaires riverains de la Sévenne, qui connaît de fréquents débordements, doivent également entretenir les berges et nettoyer le lit de la rivière à leurs frais.
La surcharge est si lourdement ressentie qu'on en arrive même, en 1699 à une sorte de grève des impositions seigneuriales en nature.

La communauté doit aussi faire face à un épisode de peste en 1628 - 1629. Les relations avec Vienne sont coupées.
Chuzelles connaît également ses crises démographiques et n'échappe pas à la grande crise qui touche le royaume de 1692 à 1694. A Saint-Hippolyte en 1692, on enregistre 6 naissances pour 18 décès.

Quelques familles ou personnalités émaillent la vie de cette petite communauté rurale. Parmi elles, on citera la famille de Vaugelet établie à Chuzelles pendant 3 siècles et dont 2 membres furent maires.
On peut évoquer aussi 2 prêtres, Ladresve, curé de Saint-Hippolyte de 1714 à 1757, et Pierre Servant curé de Saint-Maurice à partir de 1775.
Le premier déclenche un procès retentissant dans le monde viennois, en mettant en cause, pour malversations supposées, les autorités locales.
Le 2nd, inscrit sur la liste des suspects et des émigrés, prend la fuite, se rend à Grenoble puis Toulon et finit par comparaître devant le tribunal révolutionnaire de Lyon ou il peut se justifier.

Mais surtout, l'histoire de Chuzelles est celle d'un village à la conquête de son indépendance et de son unité.
On peut suivre dans l'histoire religieuse de la commune les grandes étapes de ce cheminement vers l'émancipation.
La première construction d'une cure en 1674 permet à un prêtre de s'installer à demeure. L'autonomie religieuse par rapport à Villette n'est cependant acquise qu'en 1846, date de l'érection de l'église vicariale de Chuzelles en succursale. Ce changement est dû à l'intervention d'un enfant du pays, Alexandre Molline de Saint-Yon, qui a grandi au château de la Martinière et est devenu ministre de la guerre en 1845.

L'ultime étape est franchie en 1875 avec le décret de fondation de la commune. Le décret crée certes la commune, mais pas un centre. Territorialement la structure du village est encore éclatée en deux anciennes paroisses avec deux zones d'urbanisation bien distinctes et une rupture en dépit de la disparition de l'église de Saint-Maurice.

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